Lundi matin, 9h. Tu es une femme, 33 ans.

Tu viens de déposer tes enfants à l'école et à la crèche.

Tu me dis « Aujourd'hui, je ne fais rien.
Enfin juste les courses et un peu de ménage » Tu souris bravement.
Puis tu fixes le plancher.
Tu ajoutes « De toute façon, à 15h30 je me prépare pour aller les récupérer alors ça sera vite passé.... Pire qu'un hamster dans sa roue... Tous les jours ça recommence... Je ne travaille pas et je suis débordée... Parfois j'ai envie de m'enfuir... le matin j'ai mal partout, l'impression d'avoir pris 10 ans... » Ton menton tremble... Tu exprimes la honte ressentie, tu devrais être heureuse et tout devrait être fluide et facile...

Oui, c'est l'histoire d'un congé parental qui porte si mal son nom : tout ce qui a pris congés chez toi, c'est ta confiance, ton énergie, ton amour propre, ton identité. Tu te perds à petit feu. Ton mari l'a senti, il est désemparé mais il a eu cette idée qu'un massage te ferait du bien.

J'ai une heure pour t'aider à retrouver le fil qui te relie à toi-même. Une heure pour que tu puisses te déposer sur ma table moelleuse, être à ton tour maternée, bercée, soutenue.

Huile d'amande, lumière douce, épaisse couverture, mes mains apaisent, rassurent, transmettent l'énergie maternelle et féminine qui nous relie toutes.
Ma gestuelle est lente, contenante.
Je bâille ta fatigue physique.
Ton corps est d'abord aux aguets, prêt pour un réveil, une chamaillerie, un verre renversé. Tes muscles d'athlète du quotidien sont tendus.
Pas évident de se mettre sur Off, de lâcher le contrôle.
J'accompagne ce qui est là.
C'est déjà une révolution que d'oser exprimer ton épuisement.
Quand le massage se termine, tu n'es pas loin de sombrer dans la sieste que tu n'as pas eu le temps de faire depuis trop longtemps.
Alors je te couvre à nouveau et j'attends que ton corps revienne de lui-même au mouvement.
Quand tu te relèves, ton visage a rajeuni. Tu as retrouvé des couleurs. Tu sembles redécouvrir ton corps, cette merveille dont tes deux amours son nés.
Le massage, comme un révélateur, te fait mesurer à quel point tu t'es oubliée.
J'aurai la joie de te masser à nouveau.
Tu as compris que pour donner à ses enfants, il faut déjà se donner à soi-même.